341. AU MÊME.
Landeshut, 16 octobre 1778.
Mon très-cher frère,
Je vous félicite des belles hussarderies que vos hussards ont faites sur les frontières de la Bohême. Je n'ai rien, mon cher frère, de semblable à vous annoncer, sinon que des officiers danois sont arrivés ici, non pas pour faire la campagne, mais pour se mettre avec nous en quartiers d'hiver. Vous ne sauriez croire la sensation qu'a faite à tout le monde, à notre retour, la vue d'hommes, de femmes, de bestiaux de toute espèce, dont les villes et villages sont peuplés ici; un quelqu'un qui sortirait récemment de la Sibérie n'éprouverait pas un coup d'œil plus agréable. Je loge ici chez un marchand. En entrant dans la maison, j'ai cru me trouver dans le palais du Grand Mogol, en la comparant aux cabanes de Lauterwasser; enfin tout dégoûte en Bohême, et tout plaît ici. Je dois vous dire aussi à ma grande satisfaction que je suis fort content de notre neveu : il a pris tout un autre pli; il s'est changé étonnamment à son avantage, et je commence à avoir bon courage.521-a C'est en faisant mille vœux<522> pour votre conservation que je vous prie de me croire avec le plus tendre attachement, etc.
521-a Le Roi donne les mêmes éloges au Prince de Prusse t. VI, p. 173 et 176. Voyez aussi Militärischer Nachlass des Grafen Henckel von Donnersmarck, t. II, cahier II, p. 215, et F.-G.-C. comte de Schmettau, Mémoires raisonnés sur la campagne de 1778, en Bohême, par l'armée prussienne aux ordres de S. M. le Roi, Berlin, 1789, in-4, p. 190 et suivantes, 193, 194, 228 et 229. Le 1er juin 1779, le Prince de Prusse fut promu au grade de lieutenant-général d'infanterie. Nous avons cité dans ce volume, p. 277, plusieurs passages où il est question de lui. Voyez enfin ci-dessus, p. 284, 290, 299, 300, 301, 303, 311, 322 et 341.