<174> mois de mars, où je donne une pastorale à la Reine douairière, à son jour de naissance, les Fêtes galantes, traduites du français. Bellavita fait les décorations, et tous nos artistes, musiciens, baladins, comédiens, chapons et poulardes, concourent à rendre ce spectacle brillant. Mon bon et gros voisin prépare, en attendant, des fêtes pour le mariage de ses enfants; il engagera la Saxe chez le juif pour faire une belle dépense. Son jésuite radote, sa femme a des maux de mère, et son petit-maître est à lier. D'ailleurs, ce sont les meilleures gens du monde;a mais comme ce sont de vilains hérétiques à brûler à tous les diables, comme dit maître François Rabelais, je ne me mêle pas de leurs affaires, et je me contente de vous réitérer les assurances de la parfaite tendresse avec laquelle je suis à jamais, ma très-chère sœur, etc.
183. A LA MÊME.
(Potsdam) ce 24 (février 1747).
Ma très-chère sœur,
Vous prenez une part trop obligeante à ce qui me regarde. Je suis bien aise que vous vous intéressiez à ma personne, mais je serais au désespoir si ce souci pouvait altérer votre santé. La mienne va beaucoup mieux, et je ne ressens plus rien de l'accident qui m'est arrivé il y a quatre semaines;b mais mon corps est attaqué par tant d'enne-
a Ces mots semblent être une réminiscence de l'Épître de Clément Marot au Roi, pour avoir été dérobé, vers 12 :
Au demeurant, le meilleur fils du monde.
b Voyez t. I, p. XLI; t. XXII, p. 186; t. XXIII, p. 403; et t. XXVI, p. 110.