<177> Je vous prie, ma chère sœur, de me croire avec la plus parfaite amitié, etc.

185. A LA MÊME.

(Potsdam) ce 19 (mars 1747).



Ma très-chère sœur,

Je suis très-fâché que vous souffriez toujours. J'espère à présent sur le printemps, et je me flatte que la bonne saison ramènera votre santé avec les fleurs et les feuilles. La visite de la cour de Würtemberg ne sera pas arrivée à propos, car on n'aime guère le grand monde lorsqu'on souffre, et la duchesse de Würtemberg est elle seule capable de donner la fièvre et de faire venir des transports au cerveau aux personnes les plus saines. Je vous plains de tout mon cœur de vous voir assaillie par cette furie. Il est étonnant que ce monstre féminin ait pu engendrer quelque chose d'aussi passable que ses fils. Quant à l'aîné, je ne me flatte point qu'il filera un amour parfait avec ma nièce, et je crois que tout le temps que vous gagnez par le renvoi de leur noce est autant de temps de pris sur sa constance. Pour ce qui regarde son caractère, il m'est assez connu. J'ai espéré qu'il se changerait peut-être; mais il est devenu son maître dans un âge où proprement commence l'éducation des jeunes gens.a Il a trouvé toute une cour de flatteurs et de complaisants, séducteurs dangereux et capables de corrompre des cœurs plus affermis dans la vertu que le sien ne pouvait être. Enfin toutes les circonstances ont conspiré ensemble pour contribuer à ses égarements. Je ne sais com-


a Voyez t. IX, p. 140 et 141.