<261> Elle vous dira, ma chère sœur, que nous nous sommes souvent entretenus sur votre sujet, et que vous êtes aimée et adorée de toute la famille. Je trouve sa santé mauvaise, et je l'ai conjurée de consulter Cothenius en passant à Baireuth. J'ose vous supplier de l'en faire ressouvenir. Elle a entendu l'opéra de Didon et mes chanteurs, ce qui l'a amusée. Je crois qu'ils n'ont que peu de bons sujets en Italie. Le moyen de les avoir, quand on les recherche à tant de théâtres, et que de grands princes les payent à leur pesant d'or?
A propos de théâtres, ne croyez pas que je vous aie dit la centième partie des friponneries de Voltaire; il y aurait de quoi en faire un sottisier gros comme un volume de Bayle. C'est bien dommage que les grands talents de cet homme soient ternis par l'âme la plus noire et la plus perfide, qui aigrit et gâte tout son esprit. Je pars demain au soir pour la Silésie. Je prends congé de vous, ma chère sœur, parce que pendant quinze jours je serai plus errant que ce Juif qu'on dit courir le monde, et que je ne pourrai vous écrire qu'à mon retour. Je fais mille vœux pour votre santé et pour votre contentement. Soyez persuadée qu'ils partent d'un cœur qui est tout à vous, et qui ne cessera de vous donner des marques de son attachement qu'en rendant le dernier soupir. Ce sont les sentiments, ma très-chère sœur, de votre, etc.
261. A LA MÊME.
Ce 30 (mai 1753).
Ma très-chère sœur,
Cothenius est arrivé; il m'a tout à fait tranquillisé sur l'état de votre santé, qu'il se flatte d'avoir rétablie du mieux qu'il a pu pendant son