<266>heureux, et lors même qu'on est obligé de les punir. Son sort est pareil à celui du Tasse et de Milton. Ils finirent leurs jours dans l'obscurité; il pourrait bien finir de même. Si l'effort que font les poëtes à composer les poëmes épiques leur fait tourner la tète, nous pourrions bien être privés de ce genre de poésie à l'avenir, puisqu'il semble qu'il porte guignon à ceux qui s'y appliquent. Je vous demande mille pardons, mon très-cher frère, du griffonnage de cette lettre; ma tête, toujours revêche, et vraiment femelle en ce point, m'empêche de la transcrire. Je suis avec toute la tendresse et le respect imaginable, mon très-cher frère, etc.
265. A LA MARGRAVE DE BAIREUTH.
Ce 7 (juillet 1753).
Ma très-chère sœur,
Jugez de la joie que j'ai de voir votre santé qui se rétablit; c'est de toutes les nouvelles la plus agréable que je puisse apprendre; ainsi donc, j'aurai la consolation de vous revoir, ma chère sœur, en bonne santé.
J'ai vu la lettre de Voltaire et de la Denis; ils mentent tous les deux, et n'accusent pas juste. Leur aventure est bien différente qu'ils la disent; mais, malgré tous leurs torts, j'ai donné, il y a quinze jours, des ordres pour les laisser partir.a Vous ne sauriez croire, ma chère sœur, jusqu'à quel point ces gens jouent la comédie; toutes ces convulsions, ces maladies, ces désespoirs, tout cela n'est qu'un jeu. J'en ai été la dupe dans le commencement, mais plus à la fin. Voltaire
a Voyez t. XXII, p. 355 et 356, no 330.