344. A LA MÊME.
(Août 1758.)
J'applaudis fort à vos bonnes intentions, mais je dois vous dire que je suis comme une carpe. Si les Français, Autrichiens et Russes ont quelque chose à dire, ils n'ont qu'à parler; mais pour moi, je me borne à les battre et à me taire. Veuille le ciel que j'apprenne de bonnes nouvelles de ma sœur! Cela m'intéresse plus que toutes les négociations de l'univers.a
345. A LA MÊME.
(Gross-Dobritz) ce 10 (septembre 1758).
Ma très-chère sœur,
Votre homme veut partir; je ne saurais le congédier sans lui donner encore cette lettre. Je l'ai questionné sur tout ce qu'il sait et ne sait pas; il m'a dit qu'il ne vous a point vue. Je vous supplie, de grâce, si vous m'envoyez quelqu'un, qu'il vous voie avant que de partir; je croirai au moins retrouver dans ses yeux l'image de celle que mon cœur adore. Enfin, ma chère sœur, je commence à me flatter sur votre guérison, et cette idée met du moins un peu de baume dans mon sang. Pour Dieu, ne démentez pas mes espérances; ce serait un faux bond terrible, et ces sortes de rechutes dans les chagrins tuent. J'irai demain dîner à Dresde, chez mon frère Henri.b Je vous en-
a Cette lettre est la réponse à celle de la Margrave, du 24 août, qui est perdue,
b Voyez t. XXVI, p. 213 et 214, nos 47, 48 et 49,.