5. DE LA MÊME.
Schwedt, 28 juillet 1744.
Mon très-cher frère,
D'abord à mon arrivée ici, mon frère m'a remis la charmante lettre en vers que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire;a il a été présent à tout ce que j'ai ressenti en les lisant. Que je suis heureuse de m'entendre dire par vous que vous m'aimez, d'en être convaincue et assurée! Oui, mon cher frère, c'est un bonheur pour moi, plus grand que l'acquisition d'une couronne. C'est à présent que je puis me flatter d'en être digne, puisque vous me mettez au rang des personnes que vous chérissez. C'est un motif bien grand, par lequel je réglerai toute ma conduite pour me conserver votre bienveillance. Je n'ai pas osé prendre la liberté à Berlin, mon cher frère, de vous présenter un souvenir; mais permettez-moi à présent de vous offrir une bagatelle. Les faibles mortels donnent des offrandes à leurs divinités, et les dieux reçoivent d'un œil favorable ce qui leur est offert par des cœurs remplis d'amour pour eux. Vous êtes, mon cher frère, ma divinité sur la terre, et j'ai bien lieu de croire que vous accepterez mon offrande par la même raison que les dieux reçoivent celles des mortels. Conservez-moi, je vous supplie, toujours vos bontés, et soyez persuadé que l'on ne peut être avec un attachement plus inviolable que celui avec lequel je suis à jamais, mon très-cher frère, etc.
P. S. Je viens, dans ce moment, de recevoir encore une des plus gracieuses lettres du monde de votre part. J'aurai l'honneur de vous en remercier plus parfaitement à mon arrivée à Stettin.
a Voyez t. XIV, p. VII, article XVIII.