9. A LA PRINCESSE AMÉLIE.
Camp de Prague, 24 mai 1757.
Ma très-chère sœur,
Je n'ai encore que de bonnes nouvelles à vous donner. Un partisan de mes troupesa après avoir pris le magasin de Pilsen, est marché dans le Haut-Palatinat, ce qui a donné une telle peur à l'électeur de Bavière, qu'il m'a envoyé ici un colonel pour me déclarer qu'il renonce à tous les engagements qu'il a pris avec mes ennemis, et qu'il observera la plus exacte neutralité. Le prince de Bevern a pris trois magasins à Léopold Daun : celui de Nimbourg, de Kolin, et de Suchdol. Cette nuit, les Autrichiens ont fait une sortie sur le maréchal Keith; ils ont été pour le moins seize mille hommes. Mes frères les ont repoussés. L'ennemi y a perdu au delà de mille hommes; nous, très-peu de chose. Mon frère Ferdinand y a eu un cheval de tué et une égratignure à la joue; mais cela ne l'empêche pas d'être sur pied. Cachez cette dernière circonstance à la Reine. Voilà, ma chère sœur, où nous en sommes. Mon attirail infernal n'arrivera ici que dans trois jours, et nous ne pourrons commencer à donner la foudroyante musique que vers le 27.
Je vous embrasse de tout mon cœur, et vous recommande cette lettre pour la Reine notre chère mère. Adieu.
a Le colonel Jean de Mayr. Voyez t. IV, p. 138 et 130; t. XXVI, p. 225.