<68> m'en demandez compte; je vous prie de ne vous en plus embarrasser, mais d'avoir plus de soin de la vôtre, qui m'est beaucoup plus précieuse.
Quantz est parti la semaine passée; je l'ai chargé d'une lettre pour vous, ma très-chère sœur; mais comme il s'arrêtera à Dresde, je crains que cette lettre ne vous parviendra pas sitôt.
Je plains, ma chère sœur, que la révolte s'est mise dans votre musique; cette race de gens est très-difficile à conduire; cela demande quelquefois plus de prudence que la conduite des États. Je sais ce qu'en vaut l'aune, et je m'attends dans peu à quelque nouvelle sédition parmi mes enfants d'Euterpe. J'ai lu, pour m'y préparer, la retraite du peuple romain sur le Mont Sacré, et j'étudie l'apologue de Ménénius Agrippa,a pour m'en servir, si l'occasion le requiert.
Nous comptons de partir dans peu pour Berlin. Dès que j'aurai pris langue, je vous mettrai au fait de tout, trop heureux de pouvoir vous rendre quelques services, tout petits qu'ils sont. Je suis avec un attachement parfait et une tendresse infinie, ma très-chère sœur, etc.
60. A LA MÊME.
Berlin, 20 janvier 1739.
Ma très-chère sœur,
La part que vous prenez aux chagrins que j'ai soufferts m'en console tout à fait. J'ai été pendant six semaines l'objet des plaisanteries amères du Roi et le souffre-douleur de sa colère. Il est bien inhu-
a Voyez t. VIII, p. 147 et 294; t. IX, p. 17; et t. X, p. 190 et 191.