211. A LA MÊME.
Potsdam, 22 août 1748.
Ma très-chère sœur,
Jusqu'à présent personne n'a paru ici de la part du duc de Würtemberg. Si je reçois quelqu'un, je ne manquerai point de répondre, ma très-chère sœur, à vos intentions. Je me ferai un plaisir de venir à Baireuth, quoique pour peu de temps, et vous pouvez être persuadée, ma très-chère sœur, que ce sera uniquement pour vous revoir et vous assurer de ma parfaite tendresse.
J'ai eu ici l'affliction de voir tomber malade mon frère de Prusse; j'ai été dans de grandes angoisses pour lui; il est, le ciel en soit loué, hors de danger. C'était une espèce de fièvre continue, qu'il a prise lundi passé; mais à présent il se porte mieux. Vous ne vous étonnerez pas, ma chère sœur, de la vive impression que de pareils événements font sur mon esprit, vous qui savez si bien ce que c'est que la tendresse de sang, et qui connaissez mieux que personne les liens étroits d'une véritable amitié.
<209>Madame de Kannenberg1_209-a a été hier chez moi, à Sans-Souci, et nous avons beaucoup parlé de vous, ma chère sœur; vous étiez en trop bonnes mains pour avoir la moindre chose à craindre. Je voudrais que vous eussiez été témoin de nos discours. Votre courrier fait l'affairé; il dit qu'il lui faut ma lettre à l'instant, et qu'il est dans l'obligation de partir sur-le-champ. Je ne m'étonne pas de son empressement pour retrouver une maîtresse comme la sienne; je serais surpris si quelques-uns de ceux qui vous servent pensaient autrement. Je vous embrasse mille fois, ma chère sœur, vous priant de me croire avec la plus parfaite tendresse et l'estime la plus distinguée, etc.
Lorsque vous aurez reçu la dot de ma nièce,1_209-b faites-moi le plaisir de m'en envoyer une quittance.
1_209-a Voyez t. I, p. XIV, et ci-dessus, p. 57
1_209-b Vingt mille écus.