320. A LA MÊME.
Leitmeritz, 28 (juin 1757).
Ma très-chère sœur,
Le dérangement que le malheureux jour du 18 a porté à nos affaires m'a obligé de lever le siége de Prague et à mettre une de mes armées à Nimbourg, dont je reviens, et l'autre ici. Votre courrier ne m'est parvenu qu'à présent. Si vous pouviez préparer l'esprit des Français à s'expliquer envers vous des conditions de la paix, pour que l'on<332> pût juger de leurs intentions et voir s'il y aurait quelque chose à faire avec eux; si vous les priiez de vous confier leurs demandes, assurant de n'en point faire un mauvais usage, et leur répondant des bonnes dispositions dans lesquelles j'étais, peut-être verrait-on si ce traité est vrai qu'on les suppose avoir fait avec les Autrichiens, et du moins pourrait-on juger, par leurs propositions, à quoi l'on peut s'attendre d'eux en cas de besoin. Si la paix me venait par vos mains, elle me serait doublement chère, et vous auriez l'honneur d'avoir pacifié l'Allemagne. Je vous ai écrit une grande lettre sur ce sujet, que je crois que vous recevrez plus tôt que celle-ci. Adieu, ma chère sœur; nos affaires ne sont pas désespérées, mais dérangées. Dans trois semaines d'ici, je pourrai revenir sur l'eau. Je suis avec la plus parfaite tendresse, etc.