<153> a daigné faire de ma fille Frédérique pour épouse de S. A. R. M. le Prince de Prusse. Élevée dans les mêmes sentiments qui m'animent pour V. M., j'ai lieu d'espérer que ma fille se rendra digne de votre protection, Sire, et de vos bonnes grâces. J'ose réclamer dès à présent l'indulgence de V. M. pour des fautes que l'inexpérience et le manque d'usage peuvent faire commettre à une jeune personne qui n'a jamais vécu dans le grand monde. Le colonel comte de Bohlena m'a dit, par ordre de V. M., qu'elle désirait que j'accompagne ma fille. Vos volontés, Sire, feront toujours ma loi; je ne doute pas du consentement du Landgrave, dès que V. M. croit ma présence de quelque utilité à ma fille. Combien de raisons, d'ailleurs, qui me font désirer ce voyage! Je ne m'étendrai point sur mon attachement pour V. M.; il n'a jamais varié. Vous désirez, Sire, que je hâte les apprêts pour le départ de ma fille; je vous supplie d'être persuadé que je ferai l'impossible pour qu'elle soit rendue à Charlottenbourg vers le temps que V. M. l'ordonne. Qu'elle se rende digne de vos bontés, Sire, et je serai la mère du monde la plus heureuse. Je supplie V. M. de m'accorder la continuation de sa bienveillance, en faveur de mes sentiments pleins de vénération, de respect, et de mon attachement le plus inviolable. Je suis, Sire, etc.
a Il s'agit probablement du colonel prussien Philippe-Chrétien de Bohlen, qui parvint plus tard au grade de lieutenant-général.