6. AU PRINCE FRÉDÉRIC-AUGUSTE DE BRUNSWIC.
Potsdam, 30 janvier 1777.
Monsieur mon neveu,
Le zèle que la loge des trois globes a manifesté de nouveau par le discours qui a été lu dans son assemblée le jour de l'anniversaire de ma naissance m'a fait plaisir. Je ne puis qu'applaudir infiniment à l'esprit qui anime tous ses membres à former de bons patriotes et de fidèles sujets; et sous un maître aussi éclairé que Votre Altesse Sérénissime, qui joint à des talents supérieurs le plus tendre attachement pour ma personne, je ne puis que me promettre les plus heureux succès de ses soins empressés d'avancer la vertu et le vrai patriotisme dans le cœur de tous mes sujets. V. A. S. pense que mon portrait placé dans cette loge animerait encore davantage tous ces maçons à remplir leurs devoirs, et il sera à son service. Mais ne lui semble-t-il pas que, portant l'empreinte de mon âge avancé, il pourrait plutôt servir, dans son jardin,a d'épouvantail pour chasser les oiseauxb que donner de l'émulation à une société de sages? Toutefois il sera un nouveau monument que je ne puis rien refuser à un neveu chéri, qui, par son mérite, est digne de ce tendre et inaltérable attachement avec lequel je serai tant que je vivrai, monsieur mon neveu, etc.
Vous allez donc devenir le grand prieur des francs-maçons à Berlin, comme le prince Ferdinand l'est dans le Saint-Empire romain.c
a Le prince Frédéric de Brunswic possédait l'hôtel situé rue Guillaume, no 70, qui appartient aujourd'hui à M. Rodolphe Decker, imprimeur du Roi.
b Voyez t. XXIII, p. 364 et 373.
c Ce post-scriptum est de la main du Roi. - Le prince Ferdinand de Brunswic avait été élu, en 1772, grand prieur de toutes les loges allemandes de la stricte observance, et c'était à la même époque que le prince Frédéric-Auguste avait été élu grand prieur pour les États prussiens. Voyez Geschichte der Grossen National-Mutterloge der Preussischen Staaten genannt zu den drei Weltkugeln (par le général d'Etzel), Berlin, 1840, p. 47.