15. AU ROI DE SUÈDE.
Le 22 décembre 1775.
Monsieur mon frère,
J'ai été fort fâché d'apprendre ce qui vient de se passer à Stockholm à l'occasion d'un domestique du comte Nostitz, mon ministre. L'usage est, dans les cours policées de l'Europe, qu'on n'arrête jamais un domestique d'un ministre étranger avant de l'en avertir; le contraire est regardé comme une insulte faite à son souverain. Je suis persuadé que V. M. terminera aimablement cette affaire, et comme l'insulte faite à mon ministre a été publique, il faut que la réparation le soit également. J'aimerais mieux n'avoir personne à Stockholm que de voir ceux qui y résident en mon nom exposés à de telles avanies. Mais je suis bien persuadé que ce qui s'est fait est arrivé sans la participation de V. M.; elle m'a témoigné trop d'amitié pour que j'aie le moindre doute sur ses sentiments.
Je suis charmé de ce que V. M. est satisfaite du calme qui règne à présent dans sa maison; si mes vœux sont exaucés, il sera inaltérable. J'attribue la maladie de la Reine douairière en partie à l'époque critique où elle se trouve, et j'espère que, ce mauvais pas une fois passé, nous pourrons encore la conserver longtemps. Pour moi, je relève du quatorzième accès de gouttea que j'ai eu presque sans intervalle depuis trois mois. Je ne puis qu'être sensible à l'intérêt que V. M. prend à ma santé; je l'assure que mes sentiments sont entièrement réciproques, la priant de me croire avec la plus haute estime, etc.
a Voyez t. XXIII, p. 405, et t. XXVI, p. 426.