<300> cœur de l'univers, mais point de résolution, beaucoup de timidité, et de l'éloignement pour les partis vigoureux.a Je me mis en marche pour joindre le maréchal Keith, que je crus à Welwarn, et que je trouvai acculé à Leitmeritz. Je pris dans ce camp des mesures pour m'emparer d'avance de toutes les gorges et de tous les passages qui mènent en Saxe. Nadasdy vint se camper avec dix mille hommes à Gastorf. J'avais d'ailleurs trois à quatre mille hommes de troupes légères sur les flancs dans les montagnes, avec cela trois mille blessés et un grand magasin à Leitmeritz. Cette ville, commandée par les montagnes des environs, ne pouvait être défendue que par un corps qui occupât ces avenues. J'y postai treize bataillons et vingt escadrons sous les ordres de mon frère Henri, qui s'en acquitta à merveille. L'armée de mon frère fit une marche vers Leipa pour s'approcher de Zittau, où était son magasin, et d'un secours de six mille hommes que le général Brandeis lui amena de Silésie. Toutes nos affaires allèrent passablement jusqu'au 14 de juillet, que Daun prit le camp de Niemes, sur le flanc gauche de mon frère. Il y avait un poste à Gabel, qui faisait la communication de Zittau à notre armée. Mon frère souffrit que l'ennemi se campât sur son flanc, sans changer sa position. Il sut que Gabel était attaqué, et, au lieu d'y marcher avec toute l'armée, il laissa prendre ce poste, ce qui lui coupait le meilleur chemin pour sa retraite vers la Lusace. Il ne marcha que le 17, pour gagner Zittau, par des défilés et des chemins très-difficiles. Il laissa aux ennemis le temps d'occuper tous ces passages avec leurs troupes légères; aussi perdit-il, en se retirant, presque tout son équipage. Il arriva auprès de Zittau après Daun, de sorte que les autres occupaient les hauteurs, dont il ne put plus s'emparer. L'ennemi bombarda la ville, y mit le feu, la réduisit en cendres; tout ce que l'on put faire se réduisit à en retirer la garnison tant bien que mal. Mon frère se retira ensuite


a Voyez t. XXVI, p. X et XI; t. XXVII. I, p. 69; et le Journal secret du baron de Seckendorff, p. 145.