<130> les avoir chassés, faire tirer beaucoup de canon sur la cavalerie ennemie pour l'éloigner, et, quand on voit que cela réussit, il faut que les bataillons de la seconde ligne forment les premiers la colonne, que, en attendant, la cavalerie approche de la première ligne, et celle-là ne doit former ses colonnes que lorsque la cavalerie est immédiatement derrière elle. C'est alors que la cavalerie doit attaquer avec furie, surtout que les régiments de la gauche doivent prendre garde de n'être point pris en flanc par les régiments ennemis qui se trouvent le plus près du corps de bataille. Voilà, je crois, ce que l'on peut imaginer de mieux. Cependant je ne disconviens point que la besogne ne soit difficile; mais je n'imagine rien de mieux ni de plus sûr que ce que je propose, et je ne puis entamer une armée arrangée de cette manière qu'en attaquant une des extrémités de sa ligne, en employant mon infanterie toujours soutenue de cavalerie, et le plus d'artillerie que le terrain et les circonstances permettent d'y mettre en œuvre. Je ne disconviens pas que l'ennemi, voyant mon attaque décidée, ne fera des efforts pour allonger le flanc de sa bataille; cependant, pour l'empêcher que de l'aile de son corps de bataille il ne dirige son artillerie sur mon attaque, il faut y opposer une espèce de batterie qui la tienne en respect, ou du moins qui l'empêche de diriger son feu vers mon attaque. Selon moi, l'art de la guerre est de déranger les dispositions de l'ennemi par des diversions qui le forcent d'abandonner les projets qu'il avait formés; surtout si on peut l'obliger à changer sa disposition, on peut compter que la bataille est à demi gagnée, parce que sa force consiste dans son assiette fixe, et si je l'oblige à remuer ses troupes, le moindre mouvement en rompt l'ensemble et détruit la force de sa disposition.
On voit par le plan ci-joint (VIII) que le poste de l'ennemi est excessivement fort, et que le seul endroit par où il est attaquable est celui où il a placé ses chevaux de frise. Supposons donc qu'il fallût absolument l'attaquer, cela ferait une affaire de poste purement et