<174>bat ou pour l'employer à la poursuite de l'ennemi, où l'on en lire le plus grand service.
Nous avons vu pendant toute cette guerre l'armée autrichienne rangée sur trois lignes, entourée et soutenue de celle immense artillerie. Sa première ligne est formée au pied des collines, dans un terrain presque uni, mais qui conserve assez de hauteur pour descendre de là en douce pente, en forme de glacis, du côté d'où l'ennemi peut venir. Cette méthode est sage; c'est le fruit de l'expérience, qui montre qu'un feu rasant est plus formidable qu'un feu plongeant. De plus, le soldat, sur la crête du glacis, a tout l'avantage de la hauteur, sans en éprouver les inconvénients. L'assaillant, qui est à découvert, et qui avance de bas en haut, ne lui peut nuire par son feu, au lieu que celui qui est posté a l'avantage d'un feu rasant et préparé. S'il sait faire usage de ses armes, il détruira l'ennemi qui avance, avant qu'il puisse l'approcher; s'il repousse l'attaque, il peut poursuivre l'ennemi, secondé par le terrain, qui se prête à ses divers mouvements; au lieu qu'une première ligne postée sur une éminence ou sur une colline trop escarpée n'ose en descendre, de crainte de se rompre, que celui qui l'attaque se trouve, avec une marche vive, bientôt au-dessous de son feu, à couvert du canon même.
Les Autrichiens ont bien examiné les avantages et les désavantages de ces différentes positions, de sorte qu'ils réservent et destinent dans leurs camps ces hauteurs qui s'élèvent en amphithéâtre à leur seconde ligne, qu'ils munissent et fortifient de canons comme la première. Cette seconde ligne, qui renferme quelque corps de cavalerie, est destinée à soutenir la première. Si l'ennemi qui attaque plie, la cavalerie est à portée de le charger. Si sa première ligne plie, l'ennemi qui avance trouve, après un rude combat d'infanterie, un poste terrible qu'il faut attaquer de nouveau. Il est rompu par les charges précédentes, et obligé de marcher à des gens frais, bien en ordre, et secondés par la force du terrain.