<178> peut qu'empirer, à mesure que la guerre tirera en longueur. Ainsi prendre des mesures avec plus de justesse et d'attention qu'on ne l'a fait autrefois, c'est se conformer à cet ancien principe de l'art, de ne jamais être obligé de combattre malgré soi.
Tant de difficultés pour assaillir l'ennemi dans ses postes font naître l'idée de l'attaquer en marche, de profiter de ses décampements, et d'engager des affaires d'arrière-garde, à l'exemple de celle de Leuze ou de celle de Seneffe. Mais c'est à quoi les Autrichiens ont également pourvu en ne faisant la guerre que dans des pays coupés ou fourrés, et en se préparant d'avance des chemins, soit à travers des forêts, ou des terrains marécageux, en suivant derrière les montagnes les routes des vallées, ayant eu l'attention de faire garnir d'avance ces montagnes ou défilés par des détachements. Un nombre de troupes légères va se poster dans les bois, sur les cimes des monts, couvre leur marche, marque leurs mouvements et leur procure une entière sûreté, jusqu'à ce qu'ils aient atteint un autre camp fort où l'on ne peut les entamer sans être inconsidéré.
Je dois vous faire remarquer à cette occasion les moyens dont les ennemis se servent pour choisir de bonnes positions. Ils ont des ingénieurs de campagne qu'ils envoient à la découverte du pays, qui reconnaissent les terrains et en lèvent des plans exacts; et ce n'est qu'après un examen réfléchi et une mûre délibération que le camp est choisi, et qu'en même temps on en règle la défense.
Les détachements des armées autrichiennes sont forts, et ils en font beaucoup. Les plus faibles ne sont pas au-dessous de trois mille hommes. Je leur en ai compté quelquefois cinq ou six qui se trouvaient en même temps en campagne. Le nombre de leurs troupes hongroises est assez considérable, qui, si elles se trouvaient rassemblées, pourraient former un gros corps d'armée, de sorte que vous avez deux armées à combattre, la pesante et la légère. Les officiers qu'ils emploient pour leur confier ces détachements sont habiles,