<48> mille curieux de son armée qui veulent le deviner, et d'ennemis qui ont un plus grand intérêt encore à approfondir ses vues.
Il faut que le général pèse tous ses desseins avec circonspection, qu'il soit lent dans ses délibérations, mais qu'il prenne des résolutions courtes dans des jours de bataille et dans des cas inopinés, et qu'il sache qu'il vaut mieux prendre une mauvaise résolution et l'exécuter sur-le-champ que de n'en prendre aucune.
Le général ne doit pas non plus exposer légèrement sa personne; surtout il ne doit jamais risquer d'être fait prisonnier.a
ARTICLE XIII. DES STRATAGÈMES ET DES RUSES DE GUERRE.
On prend alternativement, à la guerre, la peau de lion et la peau de renard; la ruse réussit où la force échouerait. Il est donc absolument nécessaire de se servir de toutes les deux. C'est une corde de plus que l'on a sur son arc; et comme souvent la force résiste à la force, souvent aussi la force succombe sous la ruse.
Les ruses sont immenses, et je ne prétends pas les rapporter toutes; leur but est le même, et consiste à faire faire à l'ennemi la démarche que l'on veut. Elles servent donc à cacher son propre dessein et à substituer dans sa place des illusions qui paraissent annoncer des vues toutes contraires. Quand les troupes sont à la veille de s'assembler, on leur fait quelquefois faire des contre-marches pour alarmer l'ennemi, et pour lui cacher le lieu où l'on veut assembler les troupes et percer tout de suite. Quand on est dans un pays où il y a des villes
a La traduction inédite de ce chapitre ajoute ici : Dieserwegen muss derjenige, so eine Armee commandiret, sich niemals à la tête von seiner Cavallerie setzen, um den Feind zu attaquiren. Voyez t. II, p. 76, 83 et 84; t. XVII, p. 98 et 99.