<68> du corps de l'armée pour couvrir leur pays. Ce qui m'empêcha alors de faire cette marche, c'était que, en prenant Königingrätz, je n'aurais rien gagné. Si les Saxons s'en étaient retournés chez eux, j'aurais toujours été obligé de détacher également pour fortifier le prince d'Anhalt, et surtout je n'avais pas assez de vivres à Glatz pour entreprendre de faire toute la campagne aux dépens de ce seul magasin. Les diversions que l'on fait par détachements obligent aussi l'ennemi à décamper. Toutes les choses que l'on fait, auxquelles l'ennemi n'est pas préparé, le rendent confus et le font décamper. De cette nature sont les passages de montagnes qu'il croit impraticables, et qui se passent presque toutes, et les passages de rivières qu'on lui dérobe. Qu'on lise la campagne du prince Eugène, l'année 1700,a en Italie; son passage des Alpes dérangea tout à fait M. de Vendôme.b Nous avons tous vu la confusion qui se mit, l'année 1744 dans l'armée française, lorsque le prince de Lorraine surprit le passage du Rhin.c Je conclus donc que les mêmes causes sont toujours suivies des mêmes effets, et que, toutes les fois qu'un général compassera bien ses mouvements et les fera pour des objets de conséquence, il jettera son ennemi sur la défensive, en l'obligeant à se régler sur lui.
ARTICLE XXI. DES PASSAGES DE RIVIÈRES.
Dès que l'ennemi est à l'autre bord de la rivière que vous voulez passer, la force devient inutile, et il faut recourir à la ruse. Il faut
a Ou plutôt 1701.
b Il faut lire : le maréchal de Catinat. La méprise qui se trouve dans notre texte est répétée dans la traduction, p. 125.
c Voyez t. III, p. 51 et suivantes.