<114>lonnes, afin que les troupes ne trouvent aucun empêchement dans leur marche.
II. Si l'on craint que l'ennemi ne veuille engager une affaire d'arrière-garde, il faut faire autant de colonnes que possible, pour que l'armée sorte en masse de son camp, et que par sa vitesse elle empêche l'ennemi de l'atteindre. Quand même alors, dans la suite de la marche, deux colonnes seraient obligées de se rejoindre en certain lieu, il ne faudrait y faire aucune attention, parce que la chose principale est de s'éloigner vite pour éviter tout engagement.
III. L'armée formera une grosse arrière-garde, qui sera placée de façon qu'elle puisse couvrir la marche des colonnes. On peut même décamper avant jour, pour qu'à l'aube l'arrière-garde même soit déjà éloignée du camp. Il faut que quelques bataillons et quelques escadrons des queues des colonnes soient destinés à se former, soit derrière des défilés, soit sur des hauteurs, soit auprès des forêts, pour protéger l'arrière-garde et assurer sa retraite. Ces précautions ralentissent bien la marche, mais elles en procurent la sûreté. Si le prince d'Orange avait suivi cette méthode lorsqu'il se retira de Seneffe, il n'aurait pas été battu par le prince de Condé. Cela nous apprend à ne nous jamais écarter des règles et à les suivre à la rigueur dans toutes les occasions, pour être sûrs de n'être pas pris au dépourvu.
IV. Si l'ennemi attaque vivement l'arrière-garde, l'armée doit faire halte et, s'il est nécessaire même, prendre une position pour soutenir et retirer à soi cette arrière-garde, si elle se trouvait avoir besoin d'une telle assistance. Si rien ne l'inquiète, l'armée poursuit son chemin, et va se camper à l'endroit qui lui a été marqué.