<126>ligne dans les règles. Si l'on est loin de l'ennemi, chaque régiment doit avoir la route qu'il doit faire, et le général de brigade non seulement la route de ses régiments, mais encore la liste des villages où ils doivent cantonner. Dans le pays ennemi, cela devient plus difficile. On n'a pas toujours des cartes assez détaillées du pays; on ne connaît qu'imparfaitement la force des villages. Ainsi, pour rectifier ce qu'il y a de défectueux, il faut que l'avant-garde rassemble des gens des villes, des bourgs et des hameaux, pour les envoyer au quartier-maître général, afin qu'il rectifie par leur moyen le brouillon de disposition de marche qu'il a dressé sur la simple inspection de la carte. Si l'armée campe, il faut, aussitôt qu'on est entré dans le camp, faire reconnaître tous les chemins qui y aboutissent. Si l'on séjourne, il faut, à l'aide des patrouilles, envoyer des quartiers-maîtres et des dessinateurs pour croquer les chemins et les situations, afin qu'on n'agisse pas en aveugle, et qu'on se procure d'avance toutes les notions dont on a besoin. C'est ainsi qu'on peut de même faire reconnaître d'avance les camps où l'on pourrait avoir occasion de placer l'armée. On peut même, à l'aide de ces croquis, dessiner d'avance la position que l'on veut prendre, quitte à la rectifier par l'inspection oculaire, comme je l'ai enseigné dans mon Traité de la guerre et de la tactique.a Il est vrai que lorsque les armées sont placées proche les unes des autres, ces reconnaissances deviennent plus difficiles, parce que l'ennemi a également des détachements et des troupes légères en campagne, qui empêchent de se porter sur les lieux qu'on veut reconnaître. Souvent l'on veut cacher son dessein, ce qui rend ces petites expéditions encore plus difficiles. Alors il ne reste de parti à prendre que de pousser l'ennemi à différents endroits à la fois, et de faire même dessiner des lieux où l'on n'a aucune envie d'aller, pour lui cacher son dessein; et comme on le chasse de différents postes, les meilleurs quartiers-maîtres doivent être employés


a Voyez t. XXVIII, p. 61.