<152> n'y a que de mauvais villages où les troupes éparpillées ne peuvent présenter aucune tète, et où les quartiers seraient inquiétés durant tout l'hiver, sans compter qu'il serait impossible d'éviter qu'il n'y eût des postes enlevés. Supposons même qu'on se lût emparé de Königingrätz, cela n'empêcherait pas l'impossibilité de tenir de ce côté-ci de l'Elbe, dans un pays fourragé et où il faudrait transporter de Silésie jusqu'à la moindre botte de paille. Où trouver tous les chevaux en Silésie pour ce transport? Et quelles sommes énormes cela ne coûterait-il pas, sans compter que les troupes inquiétées pendant tout l'hiver seraient ruinées au printemps suivant, à l'ouverture de la campagne!
Mais, dira-t-on, est-il honorable de se retirer après avoir soumis un terrain aussi étendu? J'avoue qu'il serait à désirer qu'il y eût moyen de s'y maintenir, et cela ne peut avoir lieu, à moins que, par une bataille bien décisive, l'armée ennemie n'ait souffert des pertes si considérables, qu'elle n'ose plus se remontrer en campagne. Alors on a les bras libres, et l'on peut s'établir comme on le juge à propos, en faisant livrer le pays conquis et en profitant de tous ses avantages.
Venons à la seconde campagne. A-t-on pu se maintenir en Bohême? Ne l'a-t-on pas pu? Voilà sur quoi les opérations doivent se régler. Si l'on est demeuré maître de la Bohême, la grande armée doit s'assembler auprès de Prague. Si elle peut, avant d'entrer en opérations, s'emparer d'Éger, ce serait un bon coup, non pour conserver cette forteresse, mais pour en ruiner les ouvrages. L'autre armée de Silésie rassemblera quarante mille hommes vers Königingrätz, sur la hauteur de Pless.
Nous voici aux grandes opérations, qui ne peuvent avoir lieu qu'en Moravie. L'armée prussienne qui s'y trouve est forte de quarante à cinquante mille hommes; ou les Russes l'ont jointe, ou la jonction doit se faire. De quelque façon que cela soit, les mêmes embarras en résultent; car, supposé que les Russes soient du côté de