<155> où ils veulent appuyer leur droite, leur gauche vers Littau, et la Morawa coulant devant leur front. Si les vivres permettent aux Prussiens d'avancer, ils doivent se porter au couvent de Hradisch, de ce côté-ci de la Morawa, où ils ont un poste très-fort et l'armée ennemie sous l'inspection de leurs yeux. Quant à ce camp des Autrichiens, voici l'intention pour laquelle ils l'ont pris. Il est inattaquable de ce côté-ci de la Morawa, et ils comprennent bien que les Prussiens ne passeraient la Morawa que pour les y forcer. On ne peut passer celte rivière que du côté de Neustadt, où elle est faible, ou à gauche, du côté de Cremsier. Or, quelque part qu'on la passe, ils la repassent de l'autre côté, et vont alors se camper près du couvent de Hradisch, et coupent ainsi l'armée prussienne de ses dépôts et de ses vivres. Il ne faut donc pas franchir celte rivière, à moins que d'avoir totalement défait l'armée autrichienne entre Heydepiltsch et Olmütz, ou bien l'on s'exposerait aux plus grands malheurs par sa propre faute. Que reste-t-il donc à faire? me dira-t-on. Je réponds : Beaucoup d'entreprises, mais qui toutes sont combinées avec de grandes difficultés; car il faut convenir que le genre de guerre des Autrichiens, le nombre de leurs troupes et la force de leurs postes présentent de tous côtés des obstacles difficiles à surmonter. Mais rien ne doit décourager un brave homme, et, pourvu qu'il agisse avec sagesse, il trouvera des expédients qui lui donneront de la supériorité sur ses ennemis.
Pour bien détailler la suite de mes idées, il faut commencer par vous exposer en général le plan que l'on doit se proposer de remplir. Dans toutes les guerres que l'on entreprend contre la maison d'Autriche, on doit avoir pour objet principal de transporter, autant que cela est possible, le théâtre des opérations sur les bords du Danube, par deux raisons, l'une, de priver l'armée de subsistances et de recrues, l'autre, d'alarmer la capitale, où tous les grands seigneurs se sont réfugiés, eux et leurs trésors. Quand Vienne crie, il faut que