<81> cent soixante-dix mille hommes, outre ce qui garde les forteresses; je ne compte que les combattants. A cela les alliés pourront opposer, la Prusse cent cinquante mille hommes, la maison d'Autriche cent soixante mille, les cercles de l'Empire quarante mille, l'Angleterre vingt mille, la Hollande autant, outre leurs flottes, qui doivent concourir à faciliter les opérations des armées. Les alliés assembleront donc trois cent quatre-vingt-dix mille combattants, d'où il résulte que les alliés auront sur les Français une supériorité de cent trente mille hommes. Je sais encore que les finances de la France sont entièrement dérangées, et qu'à peine pourra-t-elle fournir aux dépenses de trois campagnes. L'Espagne, qui s'est épuisée par ses armements contre les Marocains et les Algériens, ne pourra pas soutenir la guerre plus longtemps, et le roi de Sardaigne est perdu, si quelque puissance ne lui fournit des subsides considérables. Reste donc à délibérer comment on attaquera la France, et de quel côté on lui portera le coup le plus sensible. Je crois que ce sera par la Flandre, comme j'en exposerai dans peu les raisons. J'assigne donc cent mille hommes pour attaquer les États du roi de Sardaigne par le Milanais; cette armée trouvera quatre-vingt-dix mille tant Sardois qu'Espagnols et Napolitains à combattre. J'assigne une seconde armée de cent dix mille soldats pour attaquer les Français dans l'Alsace; ceux-là trouveront devant eux quatre-vingt mille Français. La plus grande armée, composée de cent quatre-vingt mille soldats, je la destine pour la Flandre, non pas pour livrer chaque année un combat et prendre une couple de places, ce qui emporterait sept ou huit campagnes, mais pour pénétrer dans le cœur du royaume, s'avancer sur la Somme, et menacer en même temps la capitale.
Voici le but de ce projet : les Français, attaqués dans leurs foyers, abandonneront bientôt la Flandre pour défendre Paris; les places ne seront garnies que de milices qu'il serait facile de subjuguer, et peut-être affaibliraient-ils considérablement l'armée d'Alsace pour mieux