<82> secourir Paris, ce qui fournirait de ce côté-là aux alliés les moyens d'avoir de grands succès, tandis qu'on Flandre, avec un corps de quarante mille hommes, on pourrait prendre les principales forteresses qu'on a laissées sur ses derrières.

En vous faisant le détail de ce projet, je dois vous prévenir que, n'ayant jamais vu la Flandre, je me dirige par des caries qui peut-être ne sont pas exactes. Les magasins principaux de l'année doivent être formés à Bruxelles, Nieuport et Veurne; l'armée s'assemblera près de Bruxelles, et se portera sur Tournai, pour donner aux Français des jalousies sur Lille et sur Valenciennes. Il faut chercher à combattre l'ennemi, pour gagner sur lui une supériorité décidée, ensuite former le siége de Saint-Vinox,a et après, celui de Dunkerque, dans lequel on pourrait être assisté par la flotte anglaise. Ce sont à peu près les opérations qui rempliront toute la campagne, quoique, si cela était possible, il faudrait encore assiéger et prendre Gravelines.

A présent examinons ce que les Français pourraient opposer à ces projets. Il paraît indubitable que les Français, se voyant au moment d'être attaqués en Flandre, se proposeront de prévenir leurs ennemis; ils peuvent faire le siége de Tournai ou de Mons avant que les grandes forces des alliés soient rassemblées. Ils peuvent se poster à Oudenarde, pour vous obliger de ne pas trop vous éloigner de Bruxelles, de crainte de perdre vos convois; ils pourraient encore prendre un camp sur l'Escaut, entre Condé et Saint-Guislain; qui sait même s'ils n'essayeraient pas de s'emparer de Bruxelles avant l'arrivée des alliés? Dans toutes ces suppositions, les alliés doivent débuter par une bataille; il est peu de postes que l'on ne puisse tourner, et c'est de la décision de la bataille dont tout dépend. Si c'est une affaire décisive, Bruxelles même serait dans peu repris; pour Mons et pour Tournai, il faut les laisser aux Français et ne pas déranger son


a Bergues. Voyez, t. XXII, p. 48.