<107> cette occasion : il fit investir Tortone et marcha aux Autrichiens, qui se retirèrent derrière le Pô, brûlèrent et détruisirent derrière eux tous leurs ponts. Tortone, avec sa citadelle, se rendit aux Espagnols. Un secours de huit mille Espagnols et Napolitains arriva de la Romagne sous les ordres du duc de La Vieuxville, passa par le duché de Florence, prit Plaisance et sa citadelle, et contraignit les Autrichiens à quitter le Parmesan. De Gages passe aussitôt le Pô à Parpanasso, tandis que l'Infant quitte Alexandrie, franchit le Tanaro, attaque les Autrichiens le 27 septembre à Bassignana, et remporte la victoire; il met le siège devant Alexandrie, qui se soumet, à la citadelle près; Valence, Vigevano, et beaucoup d'autres villes que nous supprimons, reçurent la loi du vainqueur.
Dans ces conjonctures arrive le prince de Lichtenstein, pour prendre le commandement d'une armée battue, affaiblie et découragée. Il ne s'agit point d'examiner si la cour de Vienne aurait pu faire un choix de généraux différent; il est toujours sûr que celui-ci ne porta aucun remède au délabrement des affaires : personne ne s'opposa aux progrès des vainqueurs; ils prirent Casai, Asti et Lodi au roi de Sardaigne. L'Infant entra victorieux dans Milan, et bloqua avec dix-huit mille hommes la citadelle de cette ville. Les Espagnols étaient donc, à la fin de cette campagne, maîtres de presque toute la Lombardie, à l'exception de Turin, de Mantoue, et de quelques citadelles qu'ils tenaient bloquées. Ces succès rapides étaient dus au génie de M. de Gages, et en partie au secours des Génois. La prospérité, comme nous l'avons dit, est confiante : elle assoupit ces vainqueurs de l'Italie à l'ombre de leurs lauriers. Il était indispensable, pour assurer leurs quartiers, qu'ils possédassent les citadelles de Milan et d'Alexandrie; un peu d'activité aurait suffi pour les en rendre maîtres : mais ils manquèrent d'haleine, lorsqu'il ne leur restait que quelques pas à faire pour remporter le prix de leur course.