<123> de la Silésie. Les Autrichiens étaient venus de Königingrätz et des environs de Jaromircz; et les Saxons, de Bunzlau et de Königinhof : ils se joignirent à Trautenau, d'où ils avancèrent à Schatzlar. Ils ne pouvaient guère s'arrêter en chemin; on pouvait calculer leurs mouvements à peu de chose près : il était donc temps d'avertir à Landeshut le général Winterfeldt de se retirer à l'approche de l'ennemi, en se repliant sur le corps de Du Moulin, et de poursuivre ensuite tous deux leur retraite jusqu'à Schweidnitz, en semant le plus adroitement qu'ils pourraient les préparatifs qu'on faisait pour abandonner le pied des montagnes, et pour se mettre sous le canon de Breslau. Le double espion dont nous avons parlé d'avance, recueillit avidement ces bruits, et se hâta de confirmer lui-même au prince de Lorraine la retraite des Prussiens, qu'il lui avait annoncée quelque temps auparavant. Les ruses servent souvent mieux à la guerre que la force : il ne faut pas les prodiguer où elles perdent leur mérite, mais en réserver l'usage pour les occasions importantes; et lorsque les nouvelles qu'on fait donner à l'ennemi flattent ses passions, on est presque sûr de l'entraîner dans le piège qu'on lui tend. Comme Winterfeldt et Du Moulin avaient une marche d'avance sur l'ennemi, ils se replièrent sur Schweidnitz sans avoir souffert dans cette marche.
L'armée du Roi quitta Frankenstein, et occupa, le 29 mai, le camp de Reichenbach, d'où elle n'avait qu'une petite marche jusqu'à Schweidnitz; elle passa cette forteresse le 1er de juin : les corps de Du Moulin et de Winterfeldt firent son avant-garde, et occupèrent la hauteur de Striegau en deçà du Striegauer-Wasser. M. de Nassau, avec son corps, garnit le Nonnenbusch, et l'armée se campa dans la plaine qui est entre Jauernick et Schweidnitz, de sorte qu'un terrain de deux milles qui sépare Striegau de Schweidnitz, était occupé par une ligne presque continue de troupes prussiennes : cette position mettait le Roi à portée de se procurer les plus grands avantages. Le général Wallis, qui commandait l'avant-garde des ennemis, et