<132> à marcher à l'ennemi; la bataille, quoique courte, avait été une suite d'efforts continuels; les munitions de guerre étaient épuisées; les équipages et les munitions de guerre et de bouche étaient à Schweidnitz : il fallait les conduire à l'armée; l'arrière-garde du prince de Lorraine était composée des corps de Wallis et de Nadasdy, qui n'avaient point combattu : ils occupaient les hauteurs de Hohenfriedeberg, dont il aurait été téméraire de vouloir les déloger; les Prussiens occupaient la hauteur de Kauder; mais celle de Hohenfriedeberg était à leur gauche : il ne fallait donc pas perdre par une fougue d'imprudence ce qu'on avait gagné par sagesse.
Le lendemain, MM. Du Moulin et Winterfeldt furent détachés à la poursuite de l'ennemi; ils atteignirent le prince de Lorraine auprès de Landeshut. Ce prince ne les attendit pas : il leva son camp à leur approche, et chargea Nadasdy de couvrir sa retraite. Winterfeldt attaqua ce dernier, le tourna en fuite, et le poursuivit jusqu'aux frontières de la Bohème, après lui avoir tué deux cents hommes et fait cent trente prisonniers. M. Du Moulin occupa le camp même que les Autrichiens venaient d'abandonner.
Après cette victoire, le Roi rappela Cagnoni, son ministre, de Dresde. Bülow, accrédité à Berlin du roi de Pologne, fut obligé d'en partir, ainsi qu'un résident de Saxe, de Breslau : le Roi déclara qu'il regardait l'invasion des Saxons en Silésie comme une rupture ouverte.
L'armée suivit, le 6, le corps de Du Moulin, et se porta sur Landeshut. Lorsque le Roi y arriva, il fut entouré d'une troupe de deux mille paysans, qui lui demandèrent la permission d'égorger tout ce qui était catholique dans cette contrée. Cette animosité venait de la dureté des persécutions que les protestants avaient souffertes de ces curés dans les temps autrichiens, où l'on avait ôté les églises aux luthériens, pour y mettre des prêtres catholiques, qui étaient les seuls de leur religion dans tout le village. Le Roi était bien éloigné de leur