<136> y eut quelque inonde de massacré; le reste, au nombre de trois cent cinquante hommes, fut fait prisonnier : cela arriva deux jours après que le Margrave eut évacué la Haute-Silésie.
Pendant que M. de Nassau était ainsi occupé dans la Haute-Silésie, le Roi mettait tous ses soins à faire subsister les troupes. Pour cet effet, il détacha sa grosse cavalerie vers Opotschna, qui était à un demi-mille à la gauche des deux corps de l'armée prussienne : toutes les nuits cette cavalerie donnait l'alarme au prince de Lorraine, pour éprouver sa contenance, souvent assez mauvaise, et pour le confirmer dans l'opinion que le Roi méditait quelque grand dessein, qu'il exécuterait à l'improviste. Les Autrichiens furent entretenus dans ces inquiétudes pendant quatre semaines. Le Roi avait sur sa gauche un détachement à Hohenbruck, et par les jalousies que ce camp donnait aux ennemis, ils prenaient quelques inquiétudes pour leurs derrières. Réellement les Prussiens pouvaient se porter sur Reichenau et sur Hohenmauth, et le prince de Lorraine se serait vu contraint de couvrir la Moravie, d'où il tirait ses vivres. Ses magasins étaient établis en échelons : le plus proche était celui de Pardubitz; derrière celui-là venait celui de Chrudim; et, plus vers la Moravie, celui de Teutsch-Brod. Si cette marche se fût exécutée, elle dérangeait toute l'économie des Autrichiens; elle mettait l'armée du Roi dans un pays abondant, car elle pouvait tirer ses farines de Glatz, au lieu de les faire venir de Schweidnitz, ce qui était égal. Si le Roi préférait d'agir vers sa droite, il pouvait passer l'Elbe non loin de Smirschitz, et prendre le camp de Chlum, qui était bon et très-avantageux; il avait derrière lui de grandes plaines, qui fournissaient des fourrages en abondance : il donnait de là des jalousies aux Autrichiens sur Pardubitz, et coupait en quelque façon la communication des Saxons avec la Lusace. Ce dernier parti trouva la préférence sur le premier, surtout à cause des Saxons, le Roi ayant eu vent que le comte de Brühl méditait quelque dessein sur la Marche électorale.