<144> firent suspendre l'expédition de Saxe. Dans ces circonstances, d'ailleurs, il n'aurait pas été convenable d'embrouiller les affaires plus qu'elles ne l'étaient déjà, et d'entamer une nouvelle guerre. Cette modération que le Roi mit dans sa conduite, ne pouvait tourner qu'à la confusion de ses ennemis, qui tâchaient, en calomniant les démarches de ce prince, d'attirer sur lui la haine des souverains de toute l'Europe.
Ces mesures que l'on voulait garder avec la Saxe, n'empêchaient pas de pousser la guerre avec vigueur contre l'Impératrice-Reine. On se trompe lorsqu'on croit fléchir son ennemi en le ménageant les armes à la main : les victoires seules le forcent à la paix. C'est ce qui fit qu'on pressa les opérations de M. de Nassau. Cosel lui opposa une faible résistance : il ouvrit la tranchée du côté de la basse Oder; le feu prit par accident à quelques maisons, ce qui obligea le commandant à se rendre le 6 de septembre. M. de Nassau y fit prisonniers trois mille Croates, et ne perdit au siège que quarante-cinq Prussiens. Ce général, après avoir ravitaillé la ville et y avoir laissé une garnison de douze cents hommes, se porta sur Troppau avec sa petite armée, d'où ses partis mirent à contribution quelques cercles de la Moravie; il eut de petites affaires avec les Hongrois, dont il sortit toujours avec avantage et avec gloire.
Mais il est temps de retourner en Bohême, où nous avons laissé l'armée prussienne au camp de Chlum, et celle des Autrichiens à celui de Königingrätz. Les ennemis tentèrent deux fois d'emporter de vive force la petite ville de Neustadt, où commandait le major Tauentzien; mais ils furent toujours repoussés par la valeur de ce digne officier. Ce poste était très-important, parce qu'il assurait la communication de la Silésie. Le prince de Lorraine, qui se croyait plus fort par les secours qu'il avait reçus, qu'affaibli par le départ des Saxons, passa l'Adler, et s'établit dans le camp que les Prussiens avaient eu entre Königingrätz et Kralowa-Lhota. Les Prussiens firent un mouvement en conséquence : ils mirent l'Elbe devant leur front, leur droite à