<148>Le 18 septembre l'armée passa l'Elbe auprès de Jaromircz, et se campa à Chwalkowitz, sans que l'ennemi fît la moindre démonstration de s'y opposer. Il fallut de ce camp détacher le général Polentz avec mille chevaux et trois bataillons, pour couvrir la Nouvelle-Marche et l'Oder contre un corps de six mille uhlans que le roi de Pologne avait levé, et qu'il voulait attirer en Saxe, pour y joindre ses autres troupes; les autres détachements rentrèrent dans l'armée, et M. Du Moulin en couvrit la gauche.
Il se fit ce jour-là un feu de réjouissance dans l'armée autrichienne, pour célébrer l'élection du Grand-Duc : le nom d'armée impériale réjouissait les officiers qui la composaient; deux jours se passèrent en festins, où tout le monde était ivre. Peut-être aurait-ce été le moment d'attaquer; mais le Roi ne voulut point s'écarter de son plan de campagne; si bien qu'il résolut de transporter son camp à Staudenz. Le chemin qui y conduit, passe par une vallée bordée de bois et de montagnes qui tiennent à la forêt de Silva : Franquini s'embusqua auprès du village de Liebenthal, sur le chemin où la seconde colonne devait passer. Le prince Léopold, qui la conduisait, détacha quelques bataillons, qui traquèrent le bois, en même temps que M. de Malachowski,a à la tête de quelques centaines de hussards, grimpant sur ces rochers escarpés, aida l'infanterie à chasser ce partisan de son embuscade. Cette action, la plus hardie que la cavalerie puisse entreprendre, combla M. de Malachowski de gloire. Les troupes eurent cependant vingt hommes de tués et quarante de blessés dans cette affaire.
L'armée n'entra que sur le tard dans le camp de Staudenz. M. de Lehwaldt, avec son corps, occupa Starkstadt; et M. Du Moulin se rendit à Trautenau avec son détachement, pour couvrir les convois qui venaient de la Silésie. Les Prussiens embrassaient ainsi toute la chaîne
a C'est Paul-Joseph de Malachowski dont il est ici question. Major au régiment de hussards de Natzmer, no 4, il devint par la suite lieutenant-général. Il était frère cadet du colonel et chef du 3e régiment de hussards, qui fut blessé à mort par l'imprudence de ses propres gens auprès de Gross-Strélitz, le 12 avril 1745.