<161> quitter; les pandours profitaient alors de ces hauteurs abandonnées, pour faire feu sur l'arrière-garde. Cette tiraillerie commença à huit heures du matin et continua jusqu'à six heures du soir; ils tuèrent un capitaine et trente hommes, et en blessèrent environ quatre-vingts. Tout le corps de Du Moulin avait été employé à couvrir le dernier défilé qui mène à Schatzlar par une vallée. Ce corps arrêta l'ennemi, et une attaque de cavalerie que la petite plaine de Schatzlar permit de faire sur lui, causa une perte de trois cents hommes : il se mit à l'écart; et M. Du Moulin, défilant par sa droite, passa par les Rehhornberge, et entra dans le camp par la route que le Roi lui avait ménagée.
L'armée séjourna à Schatzlar jusqu'au 19, qu'elle vint camper à Liebau, sur le territoire de la Silésie. Le corps de Du Moulin fut destiné à former un cordon le long des frontières. Le reste de l'armée entra en quartiers de cantonnement entre Rohnstock et Schweidnitz; elle pouvait s'assembler en six heures de temps, et elle se trouvait au large par la quantité de villes et de villages qui se trouvent dans cette contrée florissante. Ce fut dans cette position que le Roi attendit la dislocation de l'armée autrichienne, avant que de prendre des quartiers d'hiver. M. de Nassau, qui voulait s'en procurer dans la Haute-Silésie, surprit un corps de Hongrois à Hultschin, et chassa le maréchal Esterhazy d'Oderberg; les hussards de Wartenberg, qui étaient de ce corps, se distinguèrent également : ils battirent les dragons de Gotha, leur enlevèrent un étendard, et firent cent onze prisonniers. Après quoi, M. de Nassau marcha à Pohruba; les Hongrois s'enfuirent à Teschen, et de là, vers la Jablunka. M. de Fouqué, qui ne voulait pas être inutile à Glatz, fit enlever deux cents hussards qui s'étaient imprudemment enfermés dans Nachod. Cet habile officier donna des marques de génie et de capacité pendant tout le cours de cette guerre : nous nous contenterons de dire que quarante partis qui sortirent de sa garnison durant cette campagne, enlevèrent plus de huit cents hommes à l'ennemi.