<98> de la Lahn derrière le Main : les Français voulaient la renforcer et la laisser dans l'inaction. Les principales forces de cette monarchie devaient se porter en Flandre, où Louis XV avait résolu de faire une seconde campagne; et la diversion dans le pays de Hanovre, stipulée par le traité de Versailles, fut absolument rejetée alors par le ministère. Après que le Roi eut épuisé toutes les raisons qui auraient pu faire changer de sentiment le ministre de France, il dressa une espèce de mémoire, qu'il envoya à Louis XV, dans lequel les opérations militaires des armées étaient adaptées aux vues politiques des deux cours. Leurs mouvements étaient compassés à la situation actuelle où elles se trouvaient, aux conjonctures présentes, et à la possibilité de l'exécution. Il y était proposé de porter l'armée de Maillebois au delà de la Lahn, entre la Franconie, la Westphalie et le Bas-Rhin, afin de brider l'électeur de Hanovre par ce voisinage, et de l'empêcher de reconnaître la voix de Bohême et de favoriser l'élection du Grand-Duc; cette armée servait de plus à tenir tous ces cercles en respect, de même qu'à protéger l'Électeur palatin, le landgrave de liesse et tous les alliés du défunt Empereur. Quand même ce moyen ne se trouvait pas suffisant pour exclure entièrement le Grand-Duc du trône impérial, il rendait toujours les Français maîtres de traîner cette élection; et qui gagne du temps a tout gagné. Le Roi insistait également pour qu'on pourvût l'armée de Bavière de subsistances, plus d'un bon général, et qu'elle s'assemblât aussitôt que les Autrichiens commenceraient à remuer dans leurs quartiers, afin que les Prussiens et les Bavarois fissent leurs renforts en même temps contre leurs communs ennemis. Il prévenait en même temps ses alliés que la campagne de 1744 l'ayant fait revenir des pointes, il ne s'enfoncerait plus dans les pays de la Reine qu'autant qu'il pourrait être suivi de ses subsistances; qu'ayant les Autrichiens et les Saxons sur les bras, étant de plus menacé des Russes, il avait besoin de redoubler de prudence; et que si les Français ne prenaient pas de