<173> à une certaine distance, tournaient la gauche des Prussiens. Les troupes des cercles se perdirent aussi insensiblement de leur vieux camp, de sorte que ce corps qu'on prenait pour une arrière-garde, et qui était en effet la réserve de M. de Saint-Germain, demeura seul vis-à-vis des Prussiens. Le Roi fut lui-même reconnaître la marche de M. de Soubise, et il fut convaincu qu'elle était dirigée sur Mersebourg : les Français marchaient très-lentement, parce qu'ils avaient formé différents bataillons en colonnes, qui les arrêtaient chaque fois que les chemins étroits les obligeaient de se rompre.
Il était deux heures lorsque les Prussiens abattirent leurs tentes; ils firent un quart de conversion à gauche et se mirent en marche. Le Roi côtoya l'armée de M. de Soubise; ses troupes étaient couvertes par le marais qui vient de Braunsdorf, et qui, s'étendant à un gros quart de lieue de là, se perd à deux mille pas de Rossbach. M. de Seydlitz faisait l'avant-garde du Roi avec toute la cavalerie; il eut ordre de se glisser par des bas-fonds dont cette contrée est remplie, pour tourner la cavalerie française, et fondre sur les têtes de leurs colonnes avant qu'elles eussent le temps de se former. Le Roi ne put laisser au prince Ferdinand, qui commandait ce jour-là la droite de l'armée, que les vieilles gardes de la cavalerie, qu'il mit sur un rang pour en faire montre; ce qui se pouvait d'autant mieux, qu'une partie du marais de Braunsdorf couvrait cette droite. Les deux armées, en se côtoyant, s'approchaient toujours davantage. L'armée du Roi tenait soigneusement une petite élévation qui va droit à Rossbach; celle des Français, qui ne connaissait pas apparemment le terrain, marchait par un fond. Le Roi fit établir une batterie sur cette hauteur, dont les effets devinrent décisifs dans l'action : les Français en établirent une vis-à-vis dans un fond, et comme elle tirait de bas en haut, elle ne produisit aucun effet.
Pendant qu'on prenait ces arrangements de part et d'autre, M. de Seydlitz avait tourné la droite des ennemis, sans qu'ils s'en aper-