<178> partit, se rendit à Stade par des chemins détournés, et il y trouva répandu aux environs un corps de trente mille hommes, que les Français, par inconséquence et par légèreté, avaient négligé de désarmer.

Pendant cette campagne de Thuringe, on découvrit qu'un Français nommé Fraigne, qui se tenait à la cour de Zerbst, envoyait des quincailliers et d'autres gens déguisés dans l'armée prussienne, pour rapporter ce qu'ils pouvaient y apprendre aux généraux français. On envoya un détachement à Zerbst, qui saisit cet aventurier, et le mena à la forteresse de Magdebourg.a Il se trouva que, par une de ces bizarreries de l'amour dont on ne saurait rendre raison, la princesse douairière de Zerbst avait épousé cet homme en secret. Elle fit grand bruit de cet événement, et se retira par dépit à Paris. Cette affaire pouvait avoir des suites par l'impression qu'elle aurait pu faire sur l'esprit de la grande-duchesse de Russie, fille de la princesse de Zerbst. Elle ignora ou désapprouva peut-être les engagements que sa mère avait pris avec cet aventurier, et il n'en résulta rien de fâcheux pour le Roi.

Ce prince revint de l'Eckartsberg à Freybourg, en même temps qu'un détachement que le maréchal Keith avait envoyé à Querfurt, retourna de la poursuite des Français. Jusqu'aux paysans des environs amenaient des prisonniers; ils étaient outrés des sacriléges que les soldats de M. de Soubise avaient commis dans les églises luthériennes : les choses auxquelles le peuple attache le plus de vénération,


a Le 23 février 1758.