<243> prince son frère avec dix bataillons et du canon pour remplacer celui que l'on avait perdu; le comte de Dohna reçut ordre de se rendre en Saxe, et de ne laisser en Poméranie qu'un corps sous M. de Platen, pour secourir Colberg, que M. de Palmbach assiégeait avec quinze mille Russes : le comte de Dohna fut instruit de diriger sa marche sur Torgau, pour pouvoir de là se tourner du côté qui aurait le plus besoin de sa présence; M. de Finck prit le commandement du reste du corps du prince Henri, qui tenait le camp de Gamig. Tandis que ces ordres partaient, le maréchal Daun s'avança, et vint se camper proche de l'armée du Roi. Un détachement couvrait son flanc à Buchwald; sa droite s'appuyait à Cannewitz, d'où la ligne prenait par Belgern, Wurschen, Drehsa, en forme de demi-cintre convexe, par Grubschütz et Strehla; sa réserve prit le poste de Hochkirch. Quelque formidable que fût l'aspect de ces troupes, les Prussiens en avaient d'autant moins à craindre, qu'à peine les Autrichiens eurent-ils pris cette position, qu'ils se retranchèrent jusqu'aux dents.
Les deux points qui méritaient une attention sérieuse, étaient la conservation de Bautzen, où se trouvaient les vivres et la boulangerie de l'armée, et le moulin de Malschwitz, qui est sur une hauteur, dont il ne fallait pas souffrir que l'ennemi s'emparât. Le Roi garantit la ville de Bautzen contre les entreprises des Autrichiens par un corps intermédiaire, qu'il plaça entre cette ville et sa droite; et pour le moulin, à l'extrémité de la gauche, il n'y mit que des vedettes de hussards, pour que l'ennemi ne s'aperçût point de l'importance dont nous était ce poste. La raison d'en user ainsi était que le moulin se trouvait à la distance d'un quart de mille de la gauche, de sorte qu'en gardant la position de l'armée, on ne pouvait pas le soutenir à cause de son éloignement; et l'importance de ce moulin consistait en ce que, dans la marche que le Roi méditait de faire, il ne pouvait pas gagner Görlitz avant le maréchal Daun, si ses colonnes ne passaient