<5>pagnie d'Emden établit un négoce important à la Chine. En diminuant les droits d'exportation à Stettin, Königsberg et Colberg, les revenus des douanes augmentèrent du double. Il résulta de ces diverses opérations de finances, sans compter les revenus de la Silésie et de la Frise,a et sans que le Roi mît un denier de nouveaux impôts sur ses peuples, qu'en 1756 les revenus de la couronne se trouvèrent augmentés d'un million deux cent mille écus; et d'après un dénombrement que l'on fit des habitants de toutes les provinces, il se trouva que leur nombre montait à cinq millions trois cent mille âmes. Comme cet axiome est certain, que le nombre des peuples fait la richesse des États, la Prusse pouvait alors se compter du double plus puissante qu'elle ne l'avait été dans les dernières années de Frédéric-Guillaume, père du Roi.
Les finances et la justice n'absorbèrent pas toute l'attention du Roi; le militaire, cet instrument de la gloire et de la conservation des États, ne fut pas négligé. Le Roi y avait lui-même l'œil et y tint la main, pour que la discipline et la subordination fussent rigoureusement maintenues dans chaque province. Les troupes se rassemblaient régulièrement toutes les années dans des camps de paix, où on les dressait aux grandes évolutions et aux manœuvres de guerre. L'infanterie s'exerçait aux différents déploiements, aux formations, aux attaques de plaine, aux attaques de postes, aux défenses de villages et de retranchements, aux passages de rivières, aux marches couvertes à colonnes renversées, aux retraites, et enfin à toutes les manœuvres qu'il faut faire devant l'ennemi. La cavalerie s'exerçait aux différentes attaques serrées et à intervalles, aux reconnaissances, aux fourrages verts et secs, aux différentes formations, et à prendre des points de vue sur des alignements prescrits. On poussa, dans
a La mort de Charles-Edzard, dernier prince d'Ost-Frise, arrivée le 25 mai 1744, mit Frédéric en possession de ce pays. Voir t. I, p. 100 et 119.