<11> ses troupes, il se sauva avec sa cavalerie vers le Main. L'arrière-garde d'infanterie, qui se préparait à la retraite, fut chargée et poussée vivement par le Prince héréditaire, qui en fit douze cents hommes prisonniers. Ce ne fut pas le dernier exploit de ce jeune héros : nous aurons encore lieu de parler de lui dans le récit de la campagne de Saxe.

Les Français avaient tenu, cette année, la campagne plus longtemps qu'à l'ordinaire. La saison, trop opposée aux entreprises militaires, les obligea de quitter leur camp le 8 de décembre; après quoi ils se retirèrent à Francfort. Le prince Ferdinand, après avoir mis le blocus devant Giessen, fit entrer ses troupes en quartiers, ayant réparé par sa valeur et par son habileté toutes les injustices que la fortune lui avait faites au commencement de la campagne; et les alliés se trouvèrent à la fin de cette année en possession de toutes les places et de toutes les provinces qu'ils avaient occupées avant que la guerre fût déclarée.

Il s'en fallut beaucoup que la campagne du Roi prît un tour aussi heureux; ce fut peut-être la plus funeste de toutes. C'en aurait même été fait des Prussiens, si leurs ennemis, qui savaient vaincre, avaient su de même profiter de leurs victoires. Nous avons rapporté les raisons qui restreignaient le Roi à la guerre défensive. Contenu par l'armée du maréchal Daun, qui se tenait en Bohême sur les frontières de la Silésie, il médita une entreprise sur les magasins que les Russes formaient aux environs de Posen. Si ce projet avait réussi, il aurait retardé les opérations des ennemis; et gagner du temps c'était tout gagner. L'armée du Roi s'approcha vers le milieu de mars des montagnes de Schweidnitz; elle fut mise en cantonnements dans ces longs villages qui vont de Landeshut à Friedland. M. de Fouqué demeura avec son corps à Neustadt en Haute-Silésie. M. de Wobersnow,a qui avait été envoyé avec un détachement dans le palatinat de Posnanie,


a Maurice-François-Casimir de Wobersnow, général-major d'infanterie et adjudant général.