<154>ferma et tint bloquée jusqu'au moment où le prince de Würtemberg survint. On aurait pu prendre ce bourg l'épée à la main; mais les troupes étaient délabrées, les régiments, fondus et accablés de fatigues, et d'ailleurs, il fallait conserver son monde pour de meilleures occasions. Par ces raisons, on se contenta de canonner vivement la ville, et on l'aurait prise; mais M. d'Ehrensward, averti du danger des siens, y accourut avec toute son armée. Il retira la garnison de Malchin, et reprit la route de Stralsund. Les troupes de part et d'autre entrèrent dans leurs quartiers d'hiver, les Suédois près de Stralsund, et les Prussiens dans le duché de Mecklenbourg, aux environs de Schwerin et de Rostock.
Nous n'avons rapporté cette campagne des Suédois que pour donner une farce après une tragédie; car on ne peut s'empêcher de s'étonner comment seize mille Suédois ont été arrêtés et contraints de se retirer toutes les années sur leurs frontières par une poignée de monde qu'on leur opposait. Il semble que ce ne fût plus cette même nation si redoutable sous Charles XII; aussi était-elle bien dégénérée depuis que la forme de son gouvernement avait changé. Ses troupes faisaient la guerre sans établir de magasins, et sans caissons pour leurs vivres, obligées par conséquent de se mettre en petits corps pour subsister. Il se présentait toujours des occasions où on les pouvait battre en détail; mais ce n'était pas là le plus grand inconvénient. La racine du mal tenait, dans leur armée, à ces factions qui divisaient les généraux et les officiers, à ces haines de partis qui les animaient plus les uns contre les autres que contre les ennemis qu'ils devaient combattre. Il est à croire qu'ils ne pourront avoir des succès à la guerre que lorsqu'ils auront aboli les abus de leur forme de gouvernement.
Nous avons dit que M. de Platen était en pleine marche pour la Saxe, et il est à propos de reprendre ce qui se passa cette année dans l'armée du prince Henri. Nous avons laissé S. A. R. au camp de Meissen