<161> alliés étaient en mouvement, un partisan de ceux-ci, nommé Freytag, enleva entre Cassel et Warbourg trois convois de farine destinés pour les ennemis. Cette perte dérangea les Français au point qu'ils employèrent dix jours à faire avancer des subsistances, et à rétablir l'ordre dans l'administration de leurs vivres.
Le prince Ferdinand profita de cette inaction pour s'établir solidement dans son camp entre l'Asse et la Lippe; il pourvut en même temps à la sûreté de Lippstadt, en y envoyant à la tête de six bataillons M. de Wangenheim, qui bientôt après y fut joint par M. de Spörcken. Les deux maréchaux français s'avancèrent le 15 de juillet sur le prince Ferdinand. Leur armée, étendue en demi-cercle, embrassa toute la circonférence de son camp, car ils avaient leurs deux ailes sur la Lippe. M. de Broglie força d'abord le poste de Nehlen, défendu par des grenadiers anglais, et, enflé de ce succès, il fit attaquer un petit bois devant le village de Vellinghausen, occupé par la légion britannique; mais il ne put la déloger d'un poste qu'elle soutint avec fermeté et avec constance. Vers les six heures du soir, le combat parut devenir général, et il l'aurait été, si l'obscurité de la nuit ne l'eût suspendu. Le feu recommença le lendemain, dès la pointe du jour. M. de Soubise entama la partie où commandait le Prince héréditaire. Il attaqua un village, mais la vigoureuse défense d'une redoute l'arrêta. En attendant, M. de Broglie faisait des efforts, de son côté, contre le prince Ferdinand; mais ces efforts étaient mous, tellement que le prince s'aperçut, durant le combat, d'un certain flottement dans l'infanterie française, qui dénotait de l'incertitude et du découragement. Il en profita en grand général : M. de Wangenheim l'étant venu joindre alors, il sortit de son poste avec seize bataillons, chargea brusquement les troupes de M. de Broglie, les enfonça et les réduisit à prendre la fuite. Ce coup inattendu obligea les deux maréchaux à lâcher prise; ils perdirent six mille hommes,