<192> il était libre au Roi de former son armée en deçà ou au delà de la Lobe, et il serait tombé à l'improviste sur le corps des ennemis, pour les charger au moment qu'ils s'y seraient le moins attendus. Il faut ajouter à ce que nous venons de dire, que les Autrichiens craignaient la plaine : ils savaient que s'ils risquaient d'y descendre, le retour aux montagnes pourrait leur devenir difficile; de sorte qu'effectivement l'armée prussienne était commodément et en sûreté.
Ce fut durant ces cantonnements que M. de Schwerin retourna de Pétersbourg avec les traités de paix et d'alliance conclus avec la Russie. La paix fut solennellement proclamée, et l'on ne fit point mystère de l'alliance aux Autrichiens. Cependant le Roi retarda les opérations de la grande armée jusqu'à l'arrivée de M. de Czernichew. Cela ne l'empêcha pas de faire d'avance filer des troupes vers la Haute-Silésie. Déjà M. de Werner se trouvait à Cosel avec environ dix mille hommes; il était instruit du projet qu'on avait d'attirer les forces de l'armée impériale dans la Haute-Silésie pour donner de la jalousie à l'ennemi et lui causer des inquiétudes; il s'approcha de Ratibor, d'où il poussa M. de Hordt à Teschen avec douze cents hommes. Hordt y enleva un détachement d'un capitaine et de soixante hommes, et répandit ses hussards jusqu'au delà du passage de la Jablunka. Dès que le maréchal Daun fut informé de cette incursion, il envoya M. de Beck pour s'opposer aux entreprises des Prussiens. Beck s'avança à Ratibor; c'était répondre exactement aux intentions du Roi. M. de Werner replia aussitôt ses troupes au delà de l'Oder, et s'en revint à Cosel. Le prince de Bevern arriva vers ce temps à Breslau; il amenait quatre bataillons et mille hussards provinciaux avec lui; on joignit les hussards de Möhring et dix escadrons de dragons à son infanterie, avec laquelle il partit pour Cosel, où il rassembla son petit corps d'armée.
Ces détachements qui partaient pour la Haute-Silésie, n'empêchèrent pas que la cavalerie du Roi ne commençât à prendre de