<20> aux dispositions que l'on fit pour la bataille qui s'engagea le lendemain. Le corps de M. de Finck fut destiné à soutenir, sur les hauteurs où il se trouvait, les batteries qu'on y dressa pendant la nuit, et qui pouvaient tirer à bout portant sur l'étoile des Russes.
Le lendemain, l'armée prit le chemin de Reppen, et se forma dans le bois près de la Pechstange sur cinq lignes, dont les trois premières étaient d'infanterie, et les deux dernières, de cavalerie. Pendant ce temps-là, M. de Finck faisait jouer ses batteries de toutes ses forces, et il fit semblant de vouloir passer les chaussées qu'il avait devant lui, ce qui fixa si bien l'attention de M. de Soltykoff, que l'armée du Roi gagna la lisière du bois sans qu'il s'en aperçût. On construisit aussitôt de grandes batteries sur deux monticules qui dominaient la droite des Russes. Cette partie de leur retranchement fut embrassée et entourée par les batteries des Prussiens, comme le peut être un polygone dans un siége en forme. Alors, tout étant préparé, M. de Schenckendorff s'avança, sous la protection de soixante bouches à feu, contre ce fort, et l'emporta presque d'emblée. L'armée le suivit. Les deux branches du retranchement qui aboutissaient à ce point étant prises en flanc, ce ne fut qu'un massacre épouvantable de l'infanterie russe jusqu'au cimetière de Kunersdorf, que la gauche des Prussiens eut quelque peine à emporter. Alors M. de Finck, que les attaques avaient déjà dépassé, déblaya ses digues, et se joignit aux autres troupes. On avait déjà pris sept redoutes, le cimetière, et cent quatre-vingts canons; l'ennemi était en grande confusion, il avait perdu un monde prodigieux. Le prince de Würtemberg, cependant, qui s'impatientait de l'inaction de la cavalerie, chargea mal à propos cette infanterie des Russes qui était dans des retranchements au cimetière des Juifs. Il fut repoussé à la vérité, mais, en même temps, les ennemis abandonnèrent une grande batterie qu'ils avaient près de ce cimetière. L'infanterie prussienne, qui n'en était qu'à huit cents pas, fit un effort pour s'en saisir; mais, qu'on voie à quoi tiennent les victoires, elle