<210>chements avaient d'autant moins à craindre de la part des ennemis, que l'appréhension de perdre le magasin de Braunau absorbait leur attention au point que, pour plus de sûreté, ils le faisaient transporter à Scharfeneck dans le comté de Glatz.
Nous venons de voir que cette diversion des Cosaques en Bohème ne produisit aucun effet réel; il n'y avait plus de projets à former sur le magasin de Braunau, que les Impériaux transportaient ailleurs, de sorte que toute la gauche de l'ennemi ne présentait plus de champ fécond en expéditions. Comme l'objet principal de cette campagne était de reprendre Schweidnitz, le Roi se proposa d'agir sur la droite des Autrichiens, et de déposter les détachements qu'ils avaient à Bur-kersdorf et à Leutmannsdorf, pour leur couper toute communication avec Schweidnitz. Ce projet, qui avait tous les degrés de probabilité suffisants pour paraître immanquable, devint, le lendemain, incertain et presque chimérique par un de ces événements inattendus et subits qui renversent les mesures des hommes. Une révolution avait changé la face de la Russie. M. de Czernichew en donna la première nouvelle au Roi. Il vint une après-midi lui dire, la larme à l'œil, que Pierre III venait d'être détrôné par l'Impératrice son épouse; qu'il avait reçu l'ordre du sénat de faire prêter serment par son corps à sa nouvelle souveraine, et de quitter incessamment l'armée prussienne pour se retirer en Pologne. Dans la situation où le Roi se trouvait, au milieu des opérations d'une campagne dont les entreprises étaient fondées sur l'assistance des Russes, cette nouvelle lui fut un coup de foudre. Quelque cruel que fût ce coup, il fallait prendre son parti, parce que le mal était sans remède, et recourir à ses propres ressources, puisque les étrangères venaient à manquer.
Voici cependant la manière dont cette funeste révolution se fit. Il y avait longtemps qu'une certaine froideur régnait entre l'Empereur et son épouse. Elle avait pris naissance à l'occasion d'une intrigue