<226> le prince de Bevern se portait naturellement sur le flanc droit et à dos de l'ennemi; et au cas que le corps de Peilau fût assailli, le Roi faisait une manœuvre pareille avec ses troupes sur la gauche des Impériaux. Vers le midi, on s'aperçut que le dessein du maréchal Daun était d'attaquer le prince de Bevern. Toutes ses forces se portaient sur la droite, vis-à-vis du camp de Peilau; au lieu que s'il eût voulu s'engager avec le corps de Péterswaldau, il devait renforcer sa gauche, et s'étendre aux gorges des montagnes. Il n'y avait point d'infanterie dans cette partie-là. Tout ce qui se présentait vers la droite du Roi, ne consistait qu'en quelques escadrons de hussards, qui ne pouvaient attirer aucune attention sur eux.
Le Roi, qui était certain qu'on aurait ce jour même ou la nuit suivante une affaire avec l'ennemi, tenait son infanterie sous les armes, sa cavalerie sellée et bridée, et son artillerie légère près de cette cavalerie. Il alla faire une reconnaissance à ses postes avancés; à peine y fut-il, qu'on vit détendre les tentes du prince de Bevern, et qu'on entendit son canon. Le major Owstien, qui se trouvait sous la main avec un détachement de cinq cents hussards, fut envoyé incessamment pour joindre le corps de Peilau, et le prince de Würtemberg se mit à la tête de cinq régiments de cavalerie avec la brigade d'artillerie légère. M. de Möllendorff eut ordre d'y marcher avec sa brigade. Le Roi prit le régiment de Werner avec lui, pour arriver plus promptement sur le champ de bataille. M. de Zieten prit, en attendant, le commandement du corps de Péterswaldau, pour empêcher que malheur n'arrivât de ce côté.
Lorsque le Roi eut passé Reichenbach, il découvrit toute la disposition dans laquelle les ennemis attaquaient le prince de Bevern. M. de Lacy avait dépassé le village de Peilau avec six bataillons, qu'il tenait couverts derrière une colline sur laquelle il avait établi une batterie de vingt pièces de canon. Dix autres bataillons se présentaient du côté de Gnadenfrey; ils avaient pareillement formé une