<228> tête à tout le corps de M. de Beck. Le maréchal Daun, mécontent d'avoir manqué son coup, ne jugea pas à propos de demeurer plus longtemps sur le Hutberg; craignant peut-être pour ses postes des montagnes, qu'il avait dégarnis, il se retira le lendemain au soir, par Wartha et Glatz, à Scharfeneck, où il demeura jusqu'à la fin de la campagne sans donner aucun signe de vie.
Le Roi suivit les Autrichiens : mais comme ce pays montueux et rempli de défilés et de ruisseaux n'est guère propre pour les poursuites, on ne leur fit aucun mal dans leur retraite; on se contenta de pousser M. de Werner à Habendorf pour observer de là les postes de Silberberg et de Wartha. Tous ces mouvements des troupes avaient nui au siége de Schweidnitz, qui n'était pas aussi avancé qu'il aurait dû l'être. M. de Guasco, qui en était gouverneur, commençait néanmoins à mal augurer de sa défense depuis l'échec que le maréchal Daun venait de recevoir; il fit, pour cette raison, une tentative pour obtenir une bonne capitulation et la sortie libre de sa garnison. Durant que cette négociation s'entamait, M. Loudon faisait adroitement tomber entre les mains des Prussiens des émissaires chargés de lettres pour le gouverneur, qui contenaient toutes de grands projets que l'armée impériale voulait exécuter pour sa délivrance. Mais quelque envie que le Roi eût de prendre cette ville promptement, deux raisons l'empêchaient de consentir à la capitulation que M. de Guasco lui offrait. La première raison venait de ce que M. Loudon avait écrit, l'année précédente, en termes positifs au margrave Charles, chargé de la correspondance de l'armée, touchant l'exécution du cartel, que sa cour se croyait dispensée de tenir sa parole et de remplir ses engagements vis-à-vis du roi de Prusse, tant pour l'échange des prisonniers que pour quelque objet que ce fût. On fit valoir cette réponse à M. de Guasco, et on lui répondit que la parole qu'il offrait pour lui et pour sa garnison, de ne point servir d'une année contre les troupes du Roi, ne pouvait point être acceptée, après la déclaration formelle