<24> des Russes, à plus forte raison arrêter les détachements qu'ils auraient voulu envoyer contre le Roi; et quel que fût de ces partis celui que le maréchal Daun prît, il était également funeste. Cependant les affaires prirent une meilleure tournure qu'on ne devait s'y attendre, parce que tout le mal, comme tout le bien qu'on prévoit, n'arrive point.
Depuis que le Roi avait quitté la Silésie, les choses y avaient pris une nouvelle face. M. de Ville se persuada que M. de Fouqué ne pourrait l'empêcher de pénétrer en Silésie; il ne tenta point à la vérité de forcer les gorges de Landeshut, mais il prit le chemin de Friedland, où l'on n'avait pas jugé à propos de lui présenter des obstacles, par les raisons que nous allons voir. M. de Ville descendit tranquillement dans les plaines de Schweidnitz; sur quoi M. de Fouqué établit des corps à Friedland et à Conradswaldau, par où les Autrichiens étaient obligés de tirer leurs vivres. M. de Ville manqua bientôt du nécessaire : il se vit forcé de retourner en Bohême, et attaqua le poste de Conradswaldau, où il fut repoussé avec perte de treize cents hommes et de tout son bagage; et en prenant des chemins détournés, il se trouva heureux d'avoir regagné Braunau.
Le maréchal Daun, de son côté, avait quitté Marklissa et s'était porté sur Pribus. S. A. R., qui ne voulait pas le quitter de vue, marcha à Sagan, d'où elle détacha M. de Zieten à Sorau pour observer de plus près l'ennemi. Le maréchal Daun, que les Russes pressaient d'agir, se proposa d'enlever ce corps en faisant marcher deux colonnes à la droite et à la gauche des Prussiens, couvertes par de grands bois, et qui devaient se joindre à un défilé entre Sorau et Sagan, pour leur couper la retraite. Mais M. de Zieten prévint le maréchal; il se replia à temps sur l'armée de S. A. R., sans faire de pertes. Le prince Henri n'était pas dans une situation à pouvoir entreprendre sur les Autrichiens; il convenait moins que jamais de hasarder une bataille, après en avoir perdu deux cette année. Son dessein étant toutefois