<246> Fritsch une réponse favorable, et le chargea en même temps d'une lettre pour le Prince électoral, dans laquelle il le remerciait des soins qu'il s'était donnés pour concilier les esprits, en l'assurant que, de son côté, il contribuerait avec plaisir, autant que le permettrait sa gloire, au rétablissement de la paix.
Peu de jours après, le Roi partit de Meissen : il fit la tournée de son cordon sur les frontières de la Bohême et de l'Empire, d'où il se rendit à Leipzig, pour y établir son quartier durant l'hiver. M. Fritsch s'y présenta peu de jours après l'arrivée du Roi; il y vint muni de la réponse que la cour de Vienne avait donnée aux principes que l'on voulait établir pour base de la négociation. Ce mémoire était chargé de nombre d'expressions emphatiques, énigmatiques, obscures et inintelligibles pour tout autre que pour le comte Kaunitz même. Le comte Flemming, ministre de Saxe à Vienne, avait par bonheur commenté ce texte par une longue lettre où il expliquait le sens ténébreux du style de la chancellerie autrichienne; il donnait de fortes assurances de la droiture des sentiments de l'Impératrice, et du consentement qu'elle donnait à toutes les restitutions qu'on pouvait exiger d'elle, en faveur de l'état déplorable où l'électorat de Saxe se trouvait réduit; il avertissait cependant par précaution qu'on devait s'attendre de la part des Autrichiens à quelques chicanes et à quelques circonlocutions pour la forme, parce que la dignité impériale exigeait qu'on fît tout de mauvaise grâce, et qu'on amusât le terrain par des difficultés inutiles, avant de convenir définitivement des conditions que dès lors la cour de Vienne acceptait tacitement. Après cette réponse, les parties étaient d'accord ensemble pour le fond, et la paix pouvait se conclure sur le pied que le Roi le désirait.
De son côté, bien des raisons concouraient à lui faire préférer des conditions de paix modestes et modérées à d'autres plus avantageuses. Il était d'autant moins à propos de rehausser ces conditions, dans l'état où se trouvaient les choses, qu'on n'aurait obtenu des dédommage-