<254>sienne; d'où l'on concluait que le Roi ayant, en comparaison de l'Impératrice-Reine, le double de garanties à sa charge, il se trouverait prégravé dans un traité où les avantages et les obligations doivent être égaux. La véritable cause qui fît rejeter ces garanties, fut que le Roi craignait de se lier les mains à l'égard des Turcs, ce qui serait arrivé si la Hongrie avait été comprise dans le nombre des provinces qu'il garantissait à l'Impératrice-Reine. A ces articles susmentionnés on en ajouta un nouveau, qui contenait l'échange réciproque des sujets prisonniers que les puissances contractantes avaient forcés durant la guerre à prendre service dans leurs troupes.
Ce contre-projet fut envoyé à Vienne par le sieur Collenbach. La réponse en revint assez promptement, et les Autrichiens se relâchèrent sur la plupart des articles; ils n'insistèrent proprement que sur deux points, la cession du comté de Glatz, et le traité provisionnel à conclure, qui réglerait la succession des margraviats de Franconie. On eut donc à combattre des arguments déjà à demi réfutés. Et comme les Autrichiens soutenaient que la forteresse de Glatz n'était qu'une place défensive entre leurs mains, et qu'elle était offensive entre celles des Prussiens; et qu'ils offraient de dédommager le Roi par la partie de la principauté de Neisse dont ils étaient en possession, et de payer l'excédant en argent comptant, pour amortir les dettes hypothéquées sur la Silésie : on se contenta de rétorquer contre eux les mêmes raisons; on leur prouva, par le local du terrain, qu'il y a sur cette frontière de la Bohême plusieurs postes qui en défendent l'entrée au prince qui possède Glatz, comme sont ceux de Bergicht, Politz, Opotschna, Nachod, Wisoka et Neustadt, sans compter Kônigingratz, le moindre desquels, bien défendu, arrêterait une armée comme celle de Xerxès, parce qu'ils valent bien les Thermopyles; au lieu qu'en Silésie et en deçà de Glatz, dans les plaines de Frankenstein et de Reichenbach, il n'est aucun poste où une armée puisse disputer