<255> l'entrée à l'ennemi; d'où il résulte évidemment que Glatz, entre les mains des Autrichiens, devient une place offensive, qu'il leur fournit les trois débouchés de Johannesberg, de Wartha et de Silberberg pour descendre librement dans la Basse-Silésie, par où ils peuvent, dès le commencement d'une rupture, établir la guerre au cœur de cette province; au lieu que Glatz, entre les mains du roi de Prusse, ne peut être qu'une place défensive, parce qu'elle ne saurait donner de libre entrée dans le royaume de Bohême; et comme cette discussion devenait toute militaire, le Roi en provoqua aux lumières du maréchal Daun, qui ne pourrait disconvenir de la réalité de ce qu'il avançait. Cependant, pour amalgamer la pilule, on cloua un compliment obligeant à cette préface; et le Roi ajouta que s'il ne s'agissait que de la cession d'une province pour gagner l'amitié d'une princesse d'un aussi rare mérite que l'Impératrice, le Roi croirait l'avoir payée à bon marché par un tel sacrifice; mais qu'une ville d'aussi grande conséquence que Glatz ne pouvait se céder que par un entier oubli des devoirs qu'un souverain doit à sa postérité; surtout la situation du Roi ne le mettant pas dans le cas de recevoir la loi de ses ennemis, puisqu'il avait le double d'États à rendre de ceux qu'on pouvait lui restituer.
L'autre article, concernant la convention proposée par les Autrichiens pour régler la succession des margraviats de Franconie, était trop contraire aux intérêts de la maison royale pour être accepté; on s'en défendit en alléguant premièrement les mêmes arguments qu'on avait déjà employés; secondement, en les fortifiant de considérations tirées des histoires, qui prouvent l'inutilité des traités faits d'avance, par leur inexécution. Il fut facile de prouver cette proposition aux Autrichiens, parce qu'ils avaient encore en fraîche mémoire le peu de validité de cette fameuse pragmatique par laquelle l'empereur Charles VI avait réglé la succession de ses États.